Il est environ 1 h 30 du matin lorsque deux tags sont repérés sur la vitrine de la permanence du député de la quatrième circonscription de Paris, Pierre Lellouche.
« Non au CPE » et surtout un très poétique « Lellouche t’es louche ».
Le ton est donné.
Deux heures plus tard, 300 manifestants préfèrent une expression plus directe.
La permanence de l’élu UMP est complètement saccagée.
Aidés par un morceau de banc public, les « jeunes », comme la gauche les appelle tendrement, ont brisé toute la vitrine qui faisait office de façade de ce local situé rue de Maubeuge dans le 9ème arrondissement. Début de leur opération commando.
Chaque pièce de la permanence a été minutieusement massacrée et le mobilier jeté à l’extérieur.
Ils ont détruit ce qu’ils ont pu.
Enfin, les objets qui n’ont pas été fracassés ont été tout simplement volés !
A noter un acharnement particulier sur une photo représentant Pierre Lellouche et … Jacques Chirac.
Histoire de revendiquer ou même de justifier leur geste.
Pire, les autres manifestants, ceux qui ne participent pas au lynchage, approuvent joyeusement.
Ou alors s’attaquent à autre chose, comme l’abris bus situé quelques mètres plus loin.
Rassasiés après cette soif de haine, les casseurs poursuivront leur effrayante virée nocturne dans la capitale. Probablement à la recherche d’un autre symbole à détruire.
Mais justement, quel symbole était-il visé ?
A ce niveau, le débat tournant sur un CPE est plus que dépassé.
Surtout que l’un des premiers à réclamer le dialogue avec la rue, c’est bien Pierre Lellouche.
On peut alors évoquer l’hypothèse d’une attaque plus personnelle.
Un groupe proche de l’extrême gauche, refusant la modernité ? Refusant le changement et la politique d’avenir incarnée par Pierre Lellouche ? Ou voulant le punir pour son succès dans le dossier ITER ?
Il faut probablement voir dans cette action d’une violence inouïe un mal plus profond.
La plupart des manifestants anti-CPE réclament la démocratie.
Et c’est armés de cette noble revendication qu’ils se permettent les actes les plus barbares.
Mais c’est quoi la démocratie pour eux ?
Lorsque la permanence d’un député élu par le peuple est saccagée, la démocratie est en danger.
Lorsque des violences secouent le pays pour lutter contre une loi votée par les Parlementaires, la démocratie est en danger.
Lorsque des étudiants approuvent les casseurs, la démocratie est en danger.
Lorsque les pro-CPE n’osent pas prendre la parole pour éviter les représailles, sans parler des médias qui ne les évoquent presque pas, la démocratie est danger.
Lorsque les plus forts empêchent les plus faibles de reprendre les cours afin de ne pas louper leur année, la démocratie est en danger.
Lorsque le patron est sans cesse caricaturé en esclavagiste sans scrupule sans pouvoir se défendre, la démocratie est en danger.
A qui la faute ?
A tout le monde.
A ceux qui communiquent mal et à ceux qui refusent de comprendre.
La solution ?
C’est à chacun d’entre nous de prendre nos responsabilités.
Instaurer le dialogue avec celui qui n’est pas de notre avis, s’ouvrir aux autres, s’entraider, admettre que l’on est tous dans le même paquebot et que l’iceberg n’est plus très loin.
La solidarité pour éviter le naufrage.
La communication pour rétablir la paix civile.
Gardons en mémoires ces images terrifiantes de la permanence saccagée d’un élu du peuple
Et servons nous en pour construire l’avenir.