Extrait de "Un Nouvel Ordre Mondial !".
Mon second roman (écrit en 2003).
Réunion de crise en plein milieu d'un désert...
Un silence pesant règne autour de cette grande table.
Seul le bruit du thé qui se déverse dans les tasses anime le fond sonore.
Puis les bruits de pas des fantômes gris qui ont servi le thé résonnent dans le séjour presque vide de cette grande maison en pierre. Les fantômes gris disparaissent, le silence redevient total.
C’est plutôt normal. A l’extérieur de la maison en pierre, c’est le désert.
A l’intérieur, la dizaine d’hommes assis autour de la table se regardent sans se parler.
Des hommes mûrs, qui portent la barbe, la tenue traditionnelle et le regard malicieux.
Un bruit de voiture se fait entendre.
Puis celui de quelqu’un qui en sort et se rapproche de la maison.
La porte s’ouvre et Mohamed apparaît, plutôt inquiet par cette réunion improvisée :
- Excusez-moi ! J’ai été retenu à l’usine par des clients belges pots de colle.
Mohamed s’assoit à l’extrémité de la grande table.
En face de lui, un barbu au visage mondialement célèbre. Organisateur de cette réunion, Mohamed prend la parole :
- Je me suis trompé ! Mon cousin français n’était pas l’homme de la situation.
Les vingt yeux tournés vers lui le mettent mal à l’aise. Il continue :
- Il faut dire qu’à sa décharge, être catapulté contre son gré au milieu de ces abrutis était un lourd handicap… Non ?
Un lourd silence en guise de réponse.
Mohamed poursuit son monologue :
- Mon cousin est en prison, d’accord. Mais le réseau n’est pas complètement démantelé. Il reste ce créole. Il n’est pas très malin, mais il a la volonté et la cruauté nécessaires pour prendre la direction des opérations.
Brusquement, le barbu le plus célèbre de la planète se lève.
Sous le regard inquiet de Mohamed, il entame difficilement les cents pas autour de la table, et prend la parole en grimaçant :
- Le temps joue contre nous, Mohamed. Et tu sembles oublier l’importance de l’enjeu.
Comme par magie, les autres barbus retrouvent l’usage de la parole et approuvent bruyamment leur chef spirituel.
Mohamed a envie de se transformer en lézard pour se dévorer lui-même.
Le Guide de l’intégrisme mondial reprend :
- Depuis de nombreuses années, les Américains et nous jouons à un jeu sordide. Ils se servent de nous, nous nous servons d’eux. Lorsque nous dépassons les limites, ils nous rappellent à l’ordre avec leur armée. Lorsqu’ils dépassent les limites, nous les rappelons à l’ordre avec nos kamikazes. Le but du jeu est le partage du pouvoir économique dans le monde. Un jeu assez plaisant.
Mohamed tente de retrouver un peu d’importance dans cette réunion :
- Lorsque tu parles des Américains, tu parles aussi de leurs fidèles toutous Européens !
Cette réflexion a le mérite de détendre l’atmosphère générale.
Les barbus rigolent.
Mis à part leur chef qui continue dans sa logique :
- Mais ces derniers temps, nos adversaires sont allés trop loin. Ils ne respectent plus aucune règle. Ils ne respectent plus les conditions nécessaires pour que le jeu reste intéressant pour tout le monde. Ils ont décidé d’écourter la partie. Alors, nous allons leur donner satisfaction. Pour nous aussi, le jeu est fini !
Un sourire malicieux apparaît derrière sa barbe.
Il s’approche de Mohamed et pose ses mains sur son dos :
- Ton cousin Aziz est venu nous apporter une formidable idée, il y a trois ans. Nous avons l’occasion de la mettre en pratique maintenant. Une réunion de nos adversaires sur le sol français, à proximité de centrales nucléaires que l’on sait comment atteindre. Ces chefs d’Etats ennemis touchés personnellement par le poison que leur civilisation a inventé. Tu imagines la confusion qu’il va régner en Occident ? Une occasion en or de renverser définitivement leur confiance insolente, de prendre le dessus psychologiquement et d’entamer le processus de la prise de pouvoir par nous ! …Des intérêts économiques dans le monde.
Y’a rien à dire, ce type parle vachement bien !
Mohamed se sent obligé de proposer :
- Ok ! Je vais prendre mes responsabilités ! Je pars pour la France dès demain afin de terminer le travail. Tu as raison, on ne va pas laisser passer une chance pareille.
La star des barbus est satisfait.
C’est ce qu’il attendait de son bras droit.
COPYRIGHT FRANCK DANA.DEPOT SACD.
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