Un autre extrait de "COUP D'ETAT".
Conversation entre le Président de la République Michel Bern et ses fidèles amis autour d'une partie de billard...
COPYRIGHT FRANCK DANA. DEPOT SACD.
- Que se passe t’il Michel ?
Le Président semble étonné par cette question qui a plombé l’ambiance.
Louis Michaud réalise un très joli coup en trois bandes avant de fixer son ami de promo devenu Président de la République.
Ce dernier observe ses trois compagnons, puis se lance :
- Qu’avez-vous entendu ?
C’est Pierre Baron qui répond :
- Que le meurtre de Benoît ressemble à celui de Kennedy.
Chacun boit une gorgée de whisky pour se détendre.
Les mines se sont soudainement aggravées mais comme à son habitude Michel Bern tente de faire bonne figure :
- Il y a une enquête en cours. Ce Eric Bertrand faisait partie d’un groupuscule d’extrême droite qui avait pignon sur rue dans une boite à partouze. De nombreuses arrestations ont été faites. On nage dans le glauque absolu avec ces gens la, mais le crime politique semble être le mobile.
Le Président marque une pause, son regard se fait fuyant.
Visiblement, ses trois amis ne sont pas convaincus par ses explications.
En hôte des lieus, Pierre Baron est le porte parole de la soirée :
- Michel… si Serge avait été avec nous ce soir, tu aurais ici tous tes amis les plus proches. Et tes meilleurs partenaires.
Bern ne se sent pas très à l’aise alors Louis Michaud vient le réconforter.
Pierre Baron poursuit :
- Serge et Bernard possèdent presque tous les médias du pays, la production de l’armement, des avions, des fusées pour aller dans l’espace. Louis tient l’une des plus grosses industries du monde… bon, d’accord, il fait seulement du pneu, mais c’est important les pneus… non ?
Cette réflexion était faite pour détendre l’atmosphère et c’est réussi.
Pierre Baron enchaîne en souriant :
- Quant à moi, je ne vous expliquerai pas encore ce soir ce qui me lie avec les plus grosses compagnies de pétroles et de placements au monde… mais tu sais Michel que tu peux tout me demander.
Louis prend le relais :
- Ce que Pierre tente lourdement de te dire, c’est qu’il est temps pour toi de te soulager un peu sur nous. Nous avons compris qu’il se passait quelque chose de grave et nous voulons t’aider.
Michel Bern grimace légèrement avant de se reprendre.
Il se positionne pour jouer son coup :
- Vous êtes sûrs que vous vous voulez savoir ?
A la surprise générale, le coup en effet rétro est d’une réussite totale.
Ce qui met Bern en confiance :
- Je vous préviens que ce genre de confidence peut être un poids pour vous trois. Par le biais de vos activités, vous fréquentez certains milieux qui…
Le Président semble chercher ses mots.
Louis intervient :
- Michel ? Tu nous fais confiance ?
Bern ne répond pas, préférant se concentrer de nouveau sur le billard. Tac !
Une bande, première boule touchée.
Deuxième bande et la boule rouge est tout juste frôlée.
Bern lui-même n’en revient pas.
Pierre Baron est du style à détendre l’atmosphère en toute circonstance :
- Tu sais où est ta femme ?
Des petits sourires s’affichent sur les quatre visages.
C’est le moment que choisit le Président pour se lancer :
- Comme vous le savez, l’Ordre est fort mécontent de la façon dont je dirige le pays.
Les trois amis du Président le fixe gravement lorsqu’il poursuit :
- Alors ils ont organisé un… un coup d’état…
Mesurant la gravité de ses propos, Bern marque une pause.
Pierre Baron ressert du whisky, Bernard Lagarde et Louis Michaud échangent un regard halluciné.
Michel Bern semble se tenir à sa queue de billard :
- Ils ont éliminé Benoît, mis Patelin à la place, sous protectorat américain. Mais je pense que Rick Berley est manipulé dans l’histoire. Ils l’ont persuadé que c’est moi qui ai organisé l’attentat contre lui… vous savez le gars qui a fait ça, ce Samy Mehdi. Il vient d’une bande de grands malades, mais ce sont des surdoués… enfin, Berley serait mort aujourd’hui si cela n’avait pas été un piège et…
Bern a le regard fixé dans le vide, l’émotion est palpable.
Il tente de se reprendre dans un sourire forcé :
- Je… je ne dirige plus la France.
Impossible pour Pierre, Bernard et Louis de réagir.
Ils restent bouche bé, immobiles, tétanisés… Pierre se reprend :
- Mais… comment ? Enfin, dans le concret…
Bern comprend la question :
- Patelin reçoit ses directives de l’Ordre et des américains. Il charge le ministre concerné d’un projet de loi, l’assemblée suit bien sûr. Et moi je dis « Amen » à tout.
Le Président marque une pause nécessaire avant de lancer :
- Ça fait presque un mois que c’est comme ça… C’est ce que nous faisons pour nos pays africains.
Il y avait dans la dernière phrase une pointe d’ironie, comme pour se raccrocher à quelque chose.
Bernard est anéanti :
- Ces gens là ont la main mise sur l’armée, sur les services secrets, sur l’argent du pays…
Louis aussi :
- Personne ne peut plus rien faire contre eux.
Michel Bern reprend du poil de la bête :
- Mes amis. Nous sommes en pleine guerre civile. D’un coté l’Elite qui vient de prendre le pouvoir, de l’autre les extrémistes musulmans organisés politiquement grâce à ma connerie faite lorsque j’étais à l’Intérieur. Les partis politiques de droite prennent positions pour les premiers, ceux d’extrême gauche pour les seconds. L’opposition elle, est complètement larguée. Ça va bientôt éclater c’est certain…. Et la France ne s’en remettra pas.
Une pause, et le Président de la République reprend :
- Mon job est de sauver la démocratie, et j’ai besoin de votre soutien. Les médias, et tout ce que vous pouvez m’apporter d’autre.
Bernard et Louis semblent désemparés.
Pierre se fait plus combatif :
- C’est évident que nous sommes avec toi, mais je ne vois pas…
Michel Bern retrouve son regard de boxeur sur le retour :
- Je ne vous donnerai pas de détails, mais j’occupe déjà le terrain pour récupérer le soutien de Rick Berley…
L’homme d’affaire Pierre Baron échange un long regard avec le fabricant de pneus Louis Michaud et l’armurier patron de presse Bernard Lagarde.
Il ne manque plus que l’autre armurier patron de presse Serge Masson pour compléter l’équipe.
Pierre se détend d’un coup en fixant Michel Bern :
- Si tu parviens à retourner Berley, je te garantie qu’aux prochaines présidentielles tu seras réélu. Et de la façon la plus démocratique qu’il soit… on va t’aider à récupérer notre pays.
Les yeux du Président pétillent de satisfaction lorsqu’il se penche sur le billard :
- C’est encore à moi de jouer…
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