Cœur brisé.
Août 2005, à Beyrouth.
Le voilà enfin ce pays dont j’ai beaucoup entendu parlé, sans pouvoir arriver à imaginer à quoi il pouvait ressembler.
Ma chère et tendre, et sa famille m’ont convié à ce voyage dans leur pays d’origine.
Nous y sommes arrivés de nuit, et c’est donc seulement le lendemain matin que j’ai pu me faire une idée.
De la fenêtre de la chambre d’hôtel.
La première impression d’un pays tout en contraste.
En face de moi, un hôtel luxueux digne de figurer en bonne place sur la Croisette.
Juste à coté d’une carcasse d’immeuble rappelant aux touristes que ce pays s’est déchiré pendant des années.
A droite, c’est encore plus saisissant.
La mer, les restes d’un autre palace avec sa piscine… pleine de baigneurs !
J’ai vite compris que c’était ça le Liban.
Détruisez ce que vous voulez, nous on continue à profiter de la vie.
A quelques mètres de là, au centre du carrefour, un trou immense.
Un cratère laissé par l’explosion qui a coûté la vie à Rafik Hariri.
Le ton est donné.
Paradoxe entre la Religion présente partout (une Mosquée, une Eglise, une Mosquée, une Eglise…), et la vie nocturne des Libanais (et des Libanaises…).
Les rues animées 24 h sur 24 h, les restaurants bondés et les boites de nuits branchées.
Paris by night est relégué au rang d’animation de village.
Paradoxe encore avec la gentillesse et la simplicité de la population. L’accueil chaleureux aussi bien des Chrétiens que des Musulmans.
Difficile d’imaginer ces deux populations s’entretuer pendant des années.
Et pourtant, au milieu d’un restaurant luxueux et d’un centre commercial bondé, les cadavres d’immeuble sont là pour le rappeler.
Nous avons visité le pays du Nord au Sud (très au Sud même, mais je préfère ne pas m’étaler là-dessus), la beauté des paysages et ces petits endroits somptueux cachés au milieu de nulle part.
Ce pays a une âme, ce pays m’a conquis.
Je le vivais déjà à travers ma seconde famille, de Paris.
Mais une fois là-bas, je me suis vraiment senti Libanais de cœur.
Et pourtant ce pays est en guerre avec Israël.
Juillet 2006.
Tous ces endroits que je garde encore en mémoire bombardés par le pays des Juifs. C'est-à-dire par mes frères de sang.
Ceux qui là-bas se battent pour leur survie.
Et de nouveau le paradoxe. Dans ma tête cette fois-ci.
Partagé entre la compréhension d’un Israël qui se défend d’une agression, et la détresse d’un Liban victime d’une partie de sa population.
Car le Hezbollah, justement visé par l’Etat Hébreu, n’est pas le Liban.
Inutile de revenir sur la géopolitique ultra complexe de cette région, mais pour schématiser, le Hezbollah c’est un peu de Syrie dans une population Libanaise prise en otage.
Alors pourquoi ne pas dégommer la tête du mouvement terroriste et laisser le peuple tranquille ?
Aujourd’hui, 14 juillet 2006, personne ne peut prédire l’issue de cette crise.