Nous sommes le 13 février 2007.
Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy se livrent un combat acharné pour accéder à l'Elysée.
La belle du Poitou a pris un sérieux avantage dans les sondages.
Plus douce, plus gentille (en apparence), plus proche du peuple, elle profite largement des erreurs de son principal adversaire, défenseur autoproclamé de la droite dure.
C'est alors qu'une nouvelle hallucinante traverse les couloirs de l'UMP.
Une nouvelle qui va bouleverser la campagne présidentielle.
Nous sommes le 14 février 2007.
Alors que le monde découvre avec stupeur ce qu'il croit être le tournant des présidentielles 2007, l'impensable va se produire. Tout le monde se souviendra longtemps de cette Saint Valentin.
En 24 h, la course à l'Elysée a changé de visage.
Voici le début d'une fiction politique que j'ai écrite.
Mais je ne me fais pas d'illusions.
Personne, ou très peu de monde, la lira.
Pourquoi ?
D'abord parce qu'aucune maison d'édition n'en voudra, et même si je trouve un moyen de diffuser ma fiction, je connais les risques à prendre dans un tel projet.
Car nous ne sommes pas aux Etats-Unis, ou en Grande Bretagne.
Chez nous, on ne plaisante pas avec le pouvoir. Et surtout, des hommes politiques ne peuvent pas devenir des personnages de fiction. Hors de question dans notre pays de sinspirer des coulisses du pouvoir pour écrire un roman. Publier une fiction politique comme celle là, et ce sont toutes les emmerdes du monde qui vont me tomber sur le coin de la gueule, et pire sur celle de mon entourage.
C'est dommage, moi j'écris juste dans le but de divertir. C'est sans prétention, juste du thriller politique inspiré de la réalité. Nos dirigeants embarqués dans des histoires rocambolesques. Un mélange d'action, de polar, de drame social, le parrallèle entre le haut et le bas de l'échelle, puis l'électrochoc lorsque ces deux mondes se rencontrent.
Ecrire sur le pouvoir, ce n'est pas forcément polémiquer ou se payer un tel ou un tel, c'est juste braquer son projeteur sur le petit milieu des gens qui nous dirigent.
La liberté d'expression en France est un tabou.
Pour illustrer la repression sur la liberté d'information et d'expression, on nous parlera de la Russie, de la Chine ou d'un autre pays pseudo totalitaire.
Mais nous, en France... nous nous proclamons nous-même comme "irréprochables". On se croit la crême de la liberté d'expression. Alors que le pluralisme et l'indépendance de nos médias n'est qu'un mythe, un leure.
Ce n'est pas vraiment un secret d'état.
Une étude récente montre que la France n'occupe que la 35ème place dans le classement de la liberté d'expression et de l'indépendance des médias.
35ème place ! une chute d'une vingtaine de places en 5 ans.
Difficile de donner des leçons à qui que ce soit après.
Dans le domaine de l'édition, les multiples rapprochements, fusions et autres rachats ont eu pour conséquence la création de quasi monopole d'une poignée d'éditeurs. Du coup, tout le monde a la même ligne éditoriale, et les mêmes collections. Ce n'est pas moi qui le dis, mais un responsable de collection d'un important éditeur parisien : Un nouvel auteur a aujourd'hui une chance sur mille (1 sur 1000 !) de voir son premier ouvrage publié.
Par contre multiplication des essais politiques, remplis de pseudo révélations, qui tirent sur l'un parce que manipulé par l'autre. De vrais armes politiques à première vue, mais souvent des coups d'épée dans l'eau. Et même si certains de ces ouvrages sont intéressants à lire, on reste très souvent sur sa faim. Genre "c'est tout ?". Le "mon chéri" sans la cerise à l'intérieur.
Ce que je trouve effrayant, c'est la peur des rares auteurs qui s'aventurent sur le terrain de la fiction politique. Regardez en haut de la couverture de ces ouvrages : Un pseudonyme ! Ces malheureux sont obligés de publier sous couvert d'anonymat... ça fout les jetons, non ?
Concernant la télévision et la presse, c'est finallement François Bayrou qui a le mieux évoqué le malaise (comme quoi tout arrive).
Boulogne pro Sarko, Quai André Citroen pro Ségo etc... On connait la chanson.
Comme je tiens absolument à faire carrière, je ne vais pas trop dévelloper ce paragraphe et éviter le suicide en direct façon patron de l'UDF.
Et oui, la censure, ça marche sur tout le monde...
Mais il faut avouer que Canal Plus nous a offert deux ou trois bonnes surprises dernièrement. Que ce soit le téléfilm sur "Greenpeace", ou celui sur la nuit du 17 octobre 1961, certains tabous sont enfin tombés, même s'il s'agit de faits datant de plusieurs années.
Et puis il y a aussi les Guignols.
Malgré les pressions, Bruno Gaccio tient bon, et c'est tant mieux. La satyre politique survit et c'est déja ça. Peut être justement parce que ce n'est que de la (très très bonne) caricature.
Il y a une différence entre caricature et fiction ?
Enfin le cinéma.
Regardez les affiches : Que des comédies (parfois bonnes), ou des histoires banales. Les rares fois où l'on touche à la politique d'aujourd'hui, c'est en surface, et donc ce n'est pas bon.
La porte de sortie pour le cinéaste qui souhaite afficher ses opinions politiques, se trouve dans l'Histoire. Genre "Indigène" ou "Joyeux Noel". Le succés de ces (bons) films montre l'intêret du public pour une oeuvre politique. Souvent, dans les symboles de l'histoire, le public recherche des réponses aux questions posées par l'actualité.
Dans le domaine de la fiction politique, les Etats-Unis montrent le bon exemple.
Ils ont des fictions de qualité, qui vont très loin dans le politiquement incorrect, abordant sans tabou les sujets les plus sensibles avec la plupart du temps beaucoup de talents.
La démocratie américaine n'en est pas menacée pour autant.
Alors j'espère que ça viendra chez nous un jour.
Qu'"ils" lacheront un peu de lest dans le contrôle des médias, et que journalistes et auteurs pourront enfin être libres (dans la limite du respect de la personne et de l'Etat, bien sûr).
Je crois qu'on y viendra nous aussi (après tout, nous n'avons qu'une vingtaine d'années de retard sur les Etats-Unis). Et ce jour là, j'espère être dans les parrages.
Je suis tout de même contre écrire une fiction politique en utilisant les vrais noms des personalités. C'est la porte ouverte à toutes les dérives.
Mais avec des faux noms, je suis d'accord avec Franck.
Faut que l'expression des auteurs soit plus libre.
Rédigé par : chacha | 20 novembre 2006 à 14:53
En 5 ans, une vingtaine de places de perdu !
Ce n'est pas par hasard le fait d'un certain ministre de l'intérieur qui fait le ménage dans les médias.
Hein mr Genestar ?
Rédigé par : kamel | 20 novembre 2006 à 14:55
Ce qui est difficile c'est de fixer la limite entre la liberté d'expression et l'anarchie.
Y a plein de choses que l'on ne peut pas dire, sous peine de nuire au bon fonctionnement d'un Etat.
Rédigé par : fred | 20 novembre 2006 à 14:59
J'aimerais savoir à qui Franck pense quand il dit "ils".
En tout cas, Putin ny est pour rien dans la censure en France... (lol)
Rédigé par : rita | 20 novembre 2006 à 15:06
rita.
"Ils", dont Franck parle, c'est la sorte de caste qui se trouve tout en haut de la société française.
C'est l'élite, ils se revendiquent comme les propriétaires du pays.
Les politiques sont les cadres, le Président un PDG et eux, ceux sont les actionnaires.
Je pense que c'est comme ça dans beaucoup de pays.
Rédigé par : paul | 20 novembre 2006 à 16:30
J'ai vu un livre aujourd'hui qui relate la vie de sarko, mais écrit sous couvert d'anonymat et avec des faux noms. C'est pas révolutionaire mais ça a le mérite d'exister.
Rédigé par : michel | 20 novembre 2006 à 16:56
Oui, Michel.
J'ai vu ce livre aussi.
Mais ça reste très superficiel, et surtout, ce n'est pas une fiction.
C'est une petite biographie de sarko, ya même son ombre sur la couverture.
Rédigé par : fred | 20 novembre 2006 à 17:40
Moi j'ai hate de lire du Franck Dana !
On a droit qu'à des petits extraits ou des résumés.
c'est quand tu veux franck que tu avances dans tes projets !!
Ok... je sais
ça dépend pas que de toi
Rédigé par : samia | 20 novembre 2006 à 18:55
Mhouai...
je préférais le texte précédant. Nicolas à Moscou, ça c'était gonflé.
Sarko c'est celui qui nous a fait passer à la 35ème place ?
Oui, c'est sûr.
L'UMP, c'est déja un parti soviétique. Imaginez la France d'après version Sarko. C'est la 123ème place assurée en 2012.
Rédigé par : moscovite | 20 novembre 2006 à 21:13
Mais il existe de nombreux livres polémiques, qui dévoilent des secrets plus ou moins d'état.
Genre clearstream.
Mais, il est vrai que les fictions sont plus rares.
Rédigé par : gille | 20 novembre 2006 à 22:39
Gille.
les livres dont tu parles sont des armes politiques.
ils dévoilent des faits pour mieux en cacher d'autres.
Et certains les utilisent pour descendre leurs adversaires.
Genre les livres sur clearstream pour viser Villpein sont surement orchestrés par sarko...
Rédigé par : samia | 20 novembre 2006 à 23:42
Moscovite.
La France d'après, c'est la Russie d'hier...
Rédigé par : kamel | 21 novembre 2006 à 10:16
bein t'as qu'à écrire ta fiction politique en utilisant des faux noms pour les personnages, ça passera mieux déja.
Rédigé par : claire | 21 novembre 2006 à 11:35
Il faut qu'en France en pleine période présidentielle que TOUTES les opinions puissent s'exprimer.
On parle de la Russie mais nous ici on est pas mieux, la seule différence c'est que cela se sait moins...
Franck Dana ne t'arrête pas d'écrire, ne t'arrête pas pour nous, pour tous ceux qui n'ont pas les mots, pas le courage ou pas les moyens de dire les choses.
Rédigé par : Miss Kitty | 21 novembre 2006 à 13:39
Bayrou et canal plus salués par l'auteur?
il vire à gauche Franck Dana ?
Rédigé par : babar | 21 novembre 2006 à 15:22
Petit retour sur "MAD SARKO" : La qualité d'un chef d'état est un subtil équilibre entre ambition personnelle et ambition nationale.
Lorsqu'un prétendant aux plus hautes fonctions s'abaisse odieusement à vouloir "nettoyer au Karcher" nos banlieux cet individu donne la preuve de son ambition personnelle au travers d'un populisme atroce et la preuve de son manque de respect pour la magnifique et fondamentale diversité culturelle de ce grand pays qu'est notre France. Bien qu'etant pragmatique, donc plutôt à droite (et si), j'ai cessé de me poser des question et tiré un trait sur cet homme petit. J'ai une autre image de la gouvernance et de la France. Pierre@
Rédigé par : pierre | 22 novembre 2006 à 14:32
Pierre, je crois que notre petit ami en a refroidi plus d'un à droite, et nous sommes nombreux à être d'accord avec ton analyse
Rédigé par : franck | 22 novembre 2006 à 15:27
Franck, je ne veux pas vous décourager, mais si vous voulez vous lancer dans la littérature, il vaut mieux que vous sachiez à quoi vous en tenir.
Le fait qu'un nouvel auteur ait une chance sur mille d'être publié (ou tout autre chiffre similaire) est parfaitement normal.
Cela veut tout simplement dire que l'écrasante majorité des gens qui croient avoir un talent d'écrivain n'en ont pas. C'est comme ça dans le monde entier, et ça n'a rien à voir avec la liberté d'expression.
Désolé de vous parler franchement, mais c'est un fait. Interrogez tous les lecteurs professionnels des maisons d'édition, et ils vous diront que la quasi-totalité de ce qu'ils lisent ne vaut rien.
Cela ne change rien au fait que de grands livres sont régulièrement refusés par des éditeurs. C'est vrai aussi. Mais, en général, ils finissent par rencontrer leur éditeur et être publiés.
La réalité est à l'opposé de ce que vous dites: on publie beaucoup trop de livres en France.
L'écrasante majorité arrive dans les librairies et en repart aussitôt. Il y en a tellement que les critiques, les médias ne peuvent plus faire leur travail, et signaler ce qui vaut la peine. Les livres n'ont plus le temps de faire leur chemin, de rester en rayon, de bénéficier du bouche à oreille. Si le succès n'est pas là au bout d'un mois ou un peu plus, c'est poubelle.
Vous n'avez pas pu publier votre livre. Fort bien. Vous en déduisez qu'il y a censure. C'est un peu facile. J'ignore totalement si votre livre est bon ou pas.
Ce que je sais, c'est que des livres extrêmement compromettants pour les différents pouvoirs en place se publient tous les jours, se vendent et ont du succès.
Qu'il y ait des pressions, des menaces de procès, c'est certain. Que certains manuscrits soient refusés par peur de représailles, c'est également très probable.
Mais, bien souvent, le livre est, au contraire de ce que vous dites, un moyen pour des journalistes de publier ce qui ne passerait pas dans leurs journaux.
Et si ça ne passerait pas, c'est beaucoup plus souvent, plutôt que par "censure" des pouvoirs, par auto-censure des journaux eux-mêmes, conformisme, manque d'argent et donc de temps (c'est pourquoi, afin d'être libre, un journal doit-être-une-marchandise et rapporter un max de pognon, contrairement aux âneries gauchistes).
Quant à vous, vous avez quantité de solutions. Si vous avez été refusé par Fayard, disons, vous pouvez vous adresser à l'un des milliers de micro-éditeurs qui existent en France. Ils sont souvent en province, et certains ont un catalogue de grande qualité.
Vous pouvez imprimer vous-même votre livre, mettre des bonnes feuilles sur Internet, et le vendre en souscription en ligne. Ca vous reviendra beaucoup moins cher que les traditionnels éditeurs à compte d'auteur, qui ne sont que de vulgaires imprimeurs qui prennent des marges faramineuses.
Si votre livre marche, vous gagnerez beaucoup plus d'argent que chez un éditeur traditionnel. Vous garderez peut-être 80% du prix de vente, contre 5 à 10% en édition classique.
Evidemment, si personne n'achète votre livre, vous en serez de votre poche.
Vous découvrirez alors la véritable raison d'être d'un éditeur: prendre des risques à votre place. Auditer votre livre, et vous dire s'il est bon ou mauvais. Vous devriez vous féliciter, d'ailleurs, que ce service, qui est un véritable travail, soit rendu gratuitement, et pour tout un chacun. Dans le monde anglo-saxon, c'est de moins en moins le cas: les éditeurs sont de plus en plus nombreux à refuser tout manuscrit qui n'est pas soumis par un agent littéraire. Et vous vous imaginez bien que les agents littéraires sont beaucoup plus sélectifs, dans leur choix de clients, qu'un éditeur parisien qui va, en gros, lire tout ce qu'il reçoit.
C'est pourquoi il est obligé de refuser la plupart des manuscrits. Car, d'expérience, il sait qu'ils sont mauvais et n'ont aucune chance de succès.
C'est évidemment difficile à entendre pour un auteur, qui est toujours persuadé d'avoir écrit le prochain prix Nobel.
Mais vous ne pouvez pas avoir le beurre et l'argent du beurre: être publié à coup sûr, avoir le succès garanti, et ne courir aucun risque financier.
Si vous ne voulez pas chercher un imprimeur vous-même, vous pouvez vous adresser à des sites Web comme Lulu.com, qui sont des sites d'auto-édition moderne et intelligente: votre livre n'est imprimé que si quelqu'un l'achète. Votre risque financier est alors minimal.
Bonne chance.
P.S.: avez-vous vu que votre ami Poutine, si démocrate et tellement aimé par les chauffeurs de taxi moscovites, vient, selon toute vraisemblance, d'empoisonner au thalium radioactif Alexander Litvinenko, ancien colonel du KGB réfugié politique à Londres? C'est la suite d'une longue série de meurtres et d'empoisonnements d'opposants politiques.
Truc: quand un inconnu qui visite un pays à tendances totalitaires demande à un autre inconnu, sur place, ce qu'il pense de ses gouvernants, la réponse est roujours élogieuse. C'est une précaution élémentaire pour qui ne veut pas courir de gros ennuis.
Rédigé par : Robert Marchenoir | 22 novembre 2006 à 19:45
Robert.
Merci pour votre, comme toujours, intéressante contribution.
Concernant mes (car y'en a plusieurs) romans, deux cas de figures.
1. On est introduit chez l'éditeur, et là ils lisent vite le manuscrit. Ca m'est arrivé 3 fois et la réponse à été "très bon, original mais on peut pas mettre ça dans notre collection".
2. On n'est pas introduit chez l'éditeur, et là... très peu de chance que le manuscrit soit lu !!
Je n'ai aucune prétention sur ce que j'écris, je ne suis pas un littéraire du tout, c'est juste du divertissement sur fond de politique. Mais beaucoup de monde m'a lu et je n'ai eu pour le moment que des encouragements.
Ce qui me pousse à continuer.
Par contre vous mettez le doigt sur le disfonctionnement de l'édition en France.
Trop de livres (souvent n'importe quoi) et pas assez de nouveaux auteurs.
Bizarre.
Rédigé par : franck | 23 novembre 2006 à 09:18
Robert.
Vous pensez vraiment que si un espion français trahissait les secrets de son pays, ses supérieurs ne le feraient pas zigouiller...
C'est trop facile de taper sur Poutine tout le temps.
Poutine, c'est le type tendance du moment, même le nouveau James Bond a sa tête.)))
Rédigé par : moscovite | 23 novembre 2006 à 10:09