Même si l'idée d'une grande communauté européenne est une belle idée historique, garante de la paix, le résultat frôle le grand n'importe quoi. La communauté européenne aurait dû sortir LA gagnante de la fin de la guerre froide entre les deux grands blocs Etats-Unis / Russie au début des années 90. En 2007, elle est ridicule.
Il y a de ces petits symboles qui en disent long. Une petite ballade sur le Port de Saint Tropez, un soir d'été. A ma gauche, des Yachts gigantesques peuplés de russes, de pakistanais, d'indiens, de sud américains et encore de quelques américains US. A ma droite, ceux que l'on appelle "les suceurs de glace". Allemands, belges, italiens, espagnols et bien sûr français, plantés ébahis devant cet étalage de luxe qui restera pour eux dans le domaine de l'intouchable. Même en travaillant beaucoup plus... C'est un fait, l'argent fuit la vieille Europe. Le pouvoir d'achat des Européens se transvase inexorablement vers leurs voisins des pays dit émergeants (la Chine en tête). Bien sûr, il s'agit encore là d'une caricature. Les peuples des pays émergeants sont toujours en grande majorité dans une grande pauvreté. Mais... si la tendance se confirme, on en reparlera dans 50 ans. 2% de croissance d'un coté, entre 5 et 10% de l'autre, nous sommes bien partis pour être les futurs pays du tiers monde, juste derrière l'Afrique dont tout le monde se fout.
Comme la France, l'Europe a loupé son virage dans les années 80. C'est lorsqu'elle était composée de 10 ou 12 membres qu'elle aurait dû consolider sa politique, son économie, s'instaurer d'une Constitution, établir clairement ses bases de fonctionnement. Et la France, alors omnibulée par le rapprochement avec l'Allemagne, a raté l'occasion d'être le moteur de la construction européenne.
Mais pour moi, l'erreur historique restera l'élargissement du 1er mai 2004. Alors que les bases européennes ne sont pas solides, alors qu'il n'existe aucune Constitution, alors que les effets pervers de l'Euro sont encore frais, voici l'arrivée de dix nouveaux pays d'un coup, et quels pays... La Pologne reste la tête de gondole des pays qui n'ont rien à faire là, défiant ses ainés européens à la première occasion, se mettant systématiquement du coté des américains (la guerre en Irak, les installations anti missiles...). La cacophonie en devient irrémédiable.
Une preuve du disfonctionnement européen ? La crise financière de cet été. Une Europe plus forte et mieux construite n'aurait-elle pas protégé nos places boursières des bétises de nos amis américains ? Lorsque, alors qu'il se trouvait aux Etats-Unis, le Président Sarkozy envoit une lettre à Angela Merkel sur la nécessité de réguler les marchés, il a raison. L'Europe doit savoir se mettre à l'abris des prises de risques insensées de la bourse américaine. La BCE doit avoir une autre utilité que celle de renflouer les trous et de persister dans l'erreur d'un euro trop fort. Quand l'Europe aura t'elle le courage d'une vraie politique économique, orientée comme le font toutes les grandes puissances, vers un minimum de protectionnisme ?
Et puis, comment ne pas évoquer l'incompatibilité de certains peuples. Jamais le nationalisme n'a été aussi présent dans les pays européens. Plus l'élite nous bassine avec la construction européenne, plus les populations se replient sur elle même, le faisant cruellement ressentir à leurs voisins (ceux qui ont fait un tour en Pologne ou en Grèce savent de quoi je parle...). Moi même, j'avoue que j'échangerais bien les dix arrivants de 2004 (gardons les 2 de cette année) contre la Turquie (on a besoin d'un grand pays musulman) et la Russie (locomotive économique) par exemple.
Le 6 mai 2007 au soir, Sarkozy clame que la France est de retour en Europe. Mais l'Europe, elle ? Elle est de retour dans quoi ? Pour le moment dans pas grand chose. Là où je suis d'accord avec notre Président, c'est que la France doit être le pays qui sauvera la communauté européenne. Elle a déja commencé, lorsque étanche aux discours de l'élite, le peuple français a tapé violement du poing sur la table, estimant qu'il ne fallait plus continuer sur cette voie. C'était le 29 mai 2005. L'histoire retiendra peut être que cette date aura sauvé une construction européenne en perdition.
Passons de la symbolique de St Tropez à celui de Paris. La capitale française, qui devrait se doter des atouts pour se battre à armes égales avec New York, Londres, Moscou, Shangaï, New Delhi... Paris, qui devrait dévelloper son économie, renforcer son social afin d'établir les bases d'une sortie de crise (Paris a l'un des plus fort taux de chômage), redevenir attractif pour les investisseurs, et non plus seulement pour les touristes. Et bien non... On s'extasie sur un maire (même à droite !), quasiment reélu d'avance, parce qu'il a intallé... les Vélibs ! Consternant... Bientôt, si ce n'est déja fait, Paris sera aussi attractif pour le business que Rome, Amsterdam ou Liège, c'est à dire une ville musée de plus en Europe. Musées visités par des touristes fortunés du monde entier, étonnés de voir que les autochtones de la vieille Europe ne peuvent plus s'offrir les spécialités locales (Vuitton, Dior, Chanel...).
un extrait dans le monde qui va dans le sens de l'article :
Et que devient l'Europe ?
Le monde est polarisé par la relation entre les Etats-Unis et le groupe des pays émergents, dont la Chine. Cette relation est faite de collusion tacite et de rivalité latente à cause de l'inversion des mouvements de capitaux et de la dette américaine. Le besoin d'un rééquilibrage ordonné se fera sentir tôt ou tard : aux Etats-Unis, un relèvement du taux d'épargne et, en Asie, un réajustement des taux de change et un accroissement des demandes internes. L'Europe, faute d'une politique monétaire extérieure, sera très handicapée si le rééquilibrage se traduit par la seule pression sur l'euro, déjà surévalué. C'est aux monnaies asiatiques de s'apprécier. Ensuite, en Europe, l'erreur est de séparer les politiques macro des politiques micro. Il est urgent de les connecter pour définir des dynamismes industriels et soutenir les innovations par des politiques de croissance.
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Michel Aglietta
Professeur d'économie à l'université de Nanterre et conseiller scientifique au Centre d'études prospectives et d'informations internationales
Rédigé par : fred | 02 septembre 2007 à 10:12
si delanoé est reélu d'avance, c'est parce que sarkozy le veut. En témoigne la campagne médiatique très favorable au maire de paris depuis l'arrivée de sarko au pouvoir. C mieux pour le président de ne pas avoir un concurant de droite à la mairie de paris... et d'occuper l'un de ses plus sérieux adversaire à gauche (avec dsk...)
Rédigé par : samia | 02 septembre 2007 à 10:29
un anti européen de droite ? C'est encore de l'ouverture ça...
Rédigé par : olive | 02 septembre 2007 à 10:58
il n'a pas pu s'empêcher pour le vélyb... faut consulter au bout d'un certain moment.
Rédigé par : claire | 02 septembre 2007 à 11:24
de toute façon, l'europe c'est n'importe quoi. j'ai voté non à la constitution et j'en suis fier.
Rédigé par : mouss | 02 septembre 2007 à 11:43
comme le dit hollande en ce moment même, la droite est ultra décomplexée... en voilà encore ici une preuve.
Rédigé par : pierre | 02 septembre 2007 à 12:35
échanger la pologne contre la russie, c'est échanger la peste contre le choléra, non ?
Rédigé par : maurice | 02 septembre 2007 à 12:40
c marrant, je regarde aussi hollande. quel clown ! la gauche, elle balance des chiffres qu'elle a elle même creuser pendant des années. Quelle hypocrisie... concernant l'europe, pas d'accord du tout avec franck. L'europe nous empêche justement d'être largué au niveau mondial face la mondialisation. Le non à la constitution a fait mal à l'europe.
Rédigé par : mary | 02 septembre 2007 à 12:45
j'espère qu'il ne s'agit pas là de xénophobie... l'europe des peuples, c'est justement le mélange des cultures pour créer la propre culture européenne. C'est une belle aventure qui ne doit pas être réduite au seul domaine de l'économie.
Rédigé par : lory | 02 septembre 2007 à 12:53
tout ça pour nous dire qu'il était à st trop cet été:)). Plus sérieux, plutôt d'accord avec tout ça, si ce n'est que la turquie n'a rien à faire en europe.
Rédigé par : max | 02 septembre 2007 à 15:29
les remarques sur la BCE sont très justes. Il lui faut un rôle plus actif et plus décisif, plutôt que de subir et de maintenir une monnaie trop forte qui pénalise les entreprises.
Rédigé par : henri | 02 septembre 2007 à 16:05
pas convaincu que le non du 29 mai ait fait du bien à l'europe. Heureusement, super sarko a arrangé ce contre temps.
Rédigé par : dove | 02 septembre 2007 à 16:33
d'accord avec samia, c'est sarko qui va faire volontairement reélire delanoé... putain, on n'est pas dans la merde...
Rédigé par : patrick | 02 septembre 2007 à 16:39
les suceurs de glaces vous saluent bien, chère droite décompléxée bling bling. Bientôt, tous en yacht ?
Rédigé par : julie | 02 septembre 2007 à 17:07
sérieusement ? La russie dans l'Europe ? vous trouvez que c'est un pays démocratique vous ? Et la turquie qui vient d'élire un président islamiste ? N'importe quoi...
Rédigé par : romane | 03 septembre 2007 à 09:28
d'ailleurs voilà un article du monde d'aujourd'hui :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3214,36-950127@51-947860,0.html
ça donne pas envie, non ?
Rédigé par : romane | 03 septembre 2007 à 09:33
romane; parce que tu crois que la Pologne, avec les extrémistes cathos au pouvoir, c'est mieux ? Et on a eu l'Autriche d'extrême droite, l'Italie de Berlusconi, le Portugal et son avortement illégal, la Grande Bretagne toutou de Bush...
Rédigé par : fred | 03 septembre 2007 à 09:43
Franck DANA fait une analyse pertinente de cet optimisme béant à l'égard de l'Europe: l'Europe appartient à ceux qui travaillent, produisent, gagnent de l'argent et des parts de marché....et ce ne sont plus des Français, ni parfois même des Européens...
Les pragmatiques sont les bénéficiaires d'une Europe que nos impôts, et nos illusions, financent depuis 50 ans que nous cherchons une construction politique.
Qui nous a vanté les mérites de l'intégration, tous ensemble, des 10 qui nous ont rejoint en 2004? Nos présidents de fédération UMP se sont bien vite engoufrés au prétexte que la promesse avait été faite.
J.F. LELOUTRE
Vice Président, pour la Côte d'Or, de la Fédération de Côte d'Or et Saône et Loire, du Mouvement Européen France.
(et au Parti Radical)
Rédigé par : LELOUTRE | 03 septembre 2007 à 10:00
Il est vrai que l'arrivée des dix pays de 2004 a sérieusement compliqué les choses. Et qu'il aurait été plus pertinent de faire une constitution avant. Mais dire non à celle proposée n'a fait à mon avis qu'agraver l'avenir de l'europe, déja bien sombre. Peut être que le mini traité arraché en partie grace à notre président débloquera la situation. Mais rien n'est sûr...
Rédigé par : helen | 03 septembre 2007 à 10:28
Monsieur Leloutre a raison lorsqu'il parle de béatitude autour de l'Europe. A croire que la construction européenne s'est faite de façon naïve, sans rapport avec la réalité de la mondialisation. On construit une europe pour exister dans le monde, mais sans l'analyser, prendre en compte cette compétition farouche qui s'est mise en place depuis une quinzaine d'années. Comme si le terme "europe se suffit à lui même pour exister... Mais n'est il pas trop tard pour réagir ?
Rédigé par : samia | 03 septembre 2007 à 11:28