"Qui veut devenir le chef de l'opposition", le nouveau jeu de téléréalité qui cartonne.
Des membres de l'opposition sont dans le gouvernement, une grande figure de la majorité est presque désignée chef de l'opposition, l'ouverture de Sarkozy a-t'elle définitivement détruite des frontières politiques qui n'avaient plus de sens ? Visiblement, les médias cherchent la réponse.
Il fut un temps où le monde de la politique suivait des règles simples, presque naïves. Un grand parti au pouvoir, un autre grand parti dans l'opposition, et quelques (plus ou moins) petits partis satellites pour pimenter un peu le jeu. Dans le parti au pouvoir, on s'étripait joyeusement en interne. Dans le parti de l'oppostion, on s'auto flagoelait méthodiquement en attendant la chute du parti au pouvoir. Et le rythme était donné par des électeurs qui n'y croyaient pas franchement, ni dans l'un, dans l'autre. Un membre de la majorité défendait sans aucun scrupule, et quoi qu'il arrivait, chaque fait et geste de son gouvernement. Un membre de l'opposition avait le devoir de critiquer en réponse, parfois frisant le ridicule. Bref, c'était claire, facile à suivre et à analyser... et puis, il y a eu Nicolas Sarkozy.
Inutile de revenir sur la situation, on la connait. Les membres du PS qui ont rejoint le gouvernement se sont largement expliqués, et ceux qui s'apprêtent à le faire préparent le terrain depuis 6 mois (pitié monsieur le Président, pas Jack Lang !).
Ce qui est intéressant, c'est l'effet pervers de l'ouverture : L'opposition s'ouvre également. En l'absence d'un chef du PS crédible, les personnalités se bousculent. Et selon un sondage récent, celles qui sont perçues comme "opposantes au gouvernement" sont en premier Ségolène Royal et... Dominique de Villepin. Une (pseudo) socialiste, certe, mais qui n'a concrètement aucune légitimité (ni présidente du PS, ni parlementaire) et un ancien premier ministre de droite (qui a, il est vrai, quelques raisons personnelles de s'opposer à Sarkozy). L'épisode du dépistage ADN montre que les parlementaires ne sont pas en reste lorsqu'il s'agit de s'opposer à une mesure soutenue par le gouvernement, et le parti de la majorité lui même fait tout pour exister face à son "ancien" dirigeant de prestige (Devedjian et Copé titillant régulièrement le grand patron pour se venger de ne pas être au gouvernement a quelque chose de savoureux).
La démocratie en sort elle renforcée ? Trop tôt pour le dire, mais je le pense... L'omniprésence de Sarkozy, qui sucite chez beaucoup une impression de méga puissance, voir d'une puissance impériale, n'est en fait que médiatique. Et donc plus virtuelle que réelle...
Les médias justement. Ils donnent l'impression de chercher eux même une opposition à Sarkozy, après en avoir fait un hyper Président tout l'été. Défilent ainsi sur les écrans, parfois sous prétexte de promotion de livre, les Dominique (très en forme), Lionel, Marine, Olivier, François (Bayrou), Bertrand, Ségolène... lequel sera le plus crédible, le plus courageux, celui qui ne baissera pas la tête face au maître tout puissant ? Evidement celui qui passe le mieux à l'image.
Les médias tentent-ils de structurer l'opposition en leur trouvant un chef ? ... Le casting semble grand ouvert.