L'équipe de France de football à joué vendredi 16 novemvre 2007 un match amical contre l'équipe du Maroc. Rencontre à l'extérieur pour les Bleus... mais au Stade de France.
La nuit qui a suivi, j'ai fait un rêve.
J'ai révé que j'étais le Président de la République.
Je viens soutenir l'équipe nationale de football, nos vice-champions du monde, comme d'habitude. Ce soir, c'est contre la très belle équipe du Maroc que la rencontre va se jouer. La partie va probablement être superbe, l'équipe du Maroc possède des joueurs de grandes qualités.
Arrivée dans la tribune présidentielle... Le premier choc vient dès ce moment.
Du rouge, du rouge et encore du rouge. Le stade est complètement rouge.
Et déja, un terrible pressentiment m'envahit.
Personne ne me fera croire que des dizaines de milliers de marocains sont venus à Paris spécialement pour assister à une rencontre de football amicale, aussi prestigieuse soit-elle.
Aucun doute dans mon esprit, les supporters marocains sont en grande majorité des français.
Légèrement véxé au fond de moi, je médite sur la raison qui peut pousser autant de jeunes à soutenir le pays d'origine de leurs parents, plutôt que leur propre pays.
La partie de foot prend une tournure de politique intérieur.
Et le souvenir terrible d'octobre 2001 et un certain France-Algérie revient à moi.
La suite n'était pas très difficile à deviner, et ce qui devait arriver arriva.
La Marseillaise est sifflée !
Je me souviens de la noble réaction de mon prédécesseur Jacques Chirac lorsqu'il fût confronté à la même situation. Il avait à l'époque retardé le coup d'envoi du match et largement marqué le coup.
Mais ce soir, je trouve la situation encore plus grave.
L'hymne national n'est pas terminé lorsque je quitte la tribune présidentielle, et que je descends vers la pelouse. Mes gardes du corps commencent à sinquiéter pour ma sécurité. Mais le plus important n'est pas là. La République a été insultée par ses enfants. Et je suis bien décidé à taper du poing sur la table.
Pour de bon.
L'éducation de nous n'avons pas su leur donner, le patriotisme que nous n'avons pas voulu leur transmettre, car c'est nous, l'Etat, qui sommes responsables de cette débacle, je vais commencer à m'en charger dès ce soir.
Je m'approche des officiels, je demande à parler aux arbitres qui étaient sur le point de siffler le début de ce match qui pour moi ne veut plus rien dire.
Et je lance sans hésiter : "Je demande l'annulation du match".
Tous me regardent comme l'on regarde un gosse qui fait un caprice.
Mais j'enlève immédiatement le doute sur ma réelle motivation :
" Je suis le Président de la République, j'ai le pouvoir d'arrêter cette partie par la force, n'en venons pas à cet extrême".
Llian Thuram s'approche de nous, comprenant qu'il se passe quelque chose :
" Monsieur le Président, si c'est à cause des sifflets je vous soutiens. Ce match ne doit pas avoir lieu". Tout est dit. Lilian Thuram a toujours été un grand patriote.
Je vais moi même à la rencontre des joueurs de l'équipe de France et leur explique ma décision. Tous me soutiennent.
Quelques mots avec les joueurs marocains. Les pauvres ne sont pas responsables, mais ils ont tous l'intelligence de respecter ma décision. L'un d'entre eux me dit même "Si c'était l'hymne national du Maroc qui avait été sifflé, nous aurions quitté la pelouse".
Dans les tribunes, les sifflets montent. L'impatience et l'incompréhension se mélangent.
Pour la symbolique, l'équipe de France quitte le terrain en même temps que moi.
Mais je dois être responsable dans cette histoire, et m'assurer d'abord que tout se passera en totale sécurité pour les spectateurs. Je convoque alors les responsables de la sécurité du Stade, ainsi que les reponsables de la police locale. Des renforts sont immédiatement demandés. Le plan d'évacuation des spectateurs s'organisent rapidement. Surtout, je ne veux pas d'incidents.
Je veux que mon geste reste gravé comme un geste Républicain.
Dernière précaution, la diplomatie. J'appelle le Roi du Maroc, qui attendait le début du match, comme tout le monde devant sa télévision. Et je tombe sur un homme déçu (son équipe contre la France, l'affiche était belle) mais le Roi me donne son feu vert "J'aurais fait pareil...".
Nous sommes désormais 20 minutes après ce qui aurait dû être le coup d'envoi.
Les joueurs marocains sont encore sur la pelouse, l'équipe de France est rentrée aux vestiaires depuis quelques minutes déja. Les sifflets grondent, puis se calment. Dans ce grand couloir qui mène à la pelouse, tout le petit monde qui m'entoure m'interroge du regard. Officiels, arbitres, sécurité, policiers, entraineurs des deux équipes, et Thuram qui est resté. Tous attendent la confirmation de ce geste qui risque d'être très impopulaire... Une minute de réflexion, l'hymne national insultée revient à mon esprit.
Puis je lance l'ordre : "Annoncez l'annulation du match".
Samedi matin, lorsque je me réveille, je reviens à la réalité. Evidemment, je ne suis pas Président de la République. Et malheureusement, le match a bien eu lieu.
Je me demande ce qu'aurait fait Sarkozy... peut être n'est-il pas venu justement parce qu'il redoutait un tel scénario. Mais le fait est, on peu arrêter de parler des banlieues et de nos jeunes dans les médias, les problèmes ne sont toujours pas arrangés. Ils ne s'arrangeront pas tout seul.
Le France Maroc du 16 novembre était bien plus qu'un match de foot... c'était un signal d'alarme.