Le miraculé Robert Kubica après une effroyable sortie de piste au Grand Prix F1 du Canada 2007, le même soir que celle de Borloo. Le polonais s'en sort miraculeusement indemne. Le ministre aussi.
J'ai souvent comparé la Formule 1 à la politique. Peut être parce que ceux sont mes deux passions. Et je ne cesse de trouver des parallèles dans ces deux disciplines de funambules où tout va très vite.
Lorsque l'abominable, mais néanmoins chevronné, Fabius tente une manoeuvre d'intimidation sur Borloo, plus habitué aux courses d'endurance qu'aux virages à 300 km/h, il sait très bien ce qu'il fait : Pousser son adversaire à la sortie de piste. Et ça n'a pas manqué, Borloo ne voit pas venir le dépassement, et se laisse déborder sur sa gauche. Lorsqu'il s'aperçoit enfin de la manoeuvre, c'est trop tard, plus le temps de freiner et c'est la violente sortie de piste... Un tonneau qui dure une semaine et qui envoie quelques uns de ses coéquipiers directement dans le mur. Une fois le calme revenu, on s'attend à trouver le malheureux futur ex ministre de l'économie en petits morceaux, condamné à finir ses jours sur une chaise de l'Assemblée... mais non ! C'est mal connaitre le champion et son incroyable instinct de survie politique qui en fait la bête noire de ses détracteurs. Borloo en est ressorti renforcé, et c'est tant mieux. Prêt à en découdre de nouveau avec quiconque le défiera en duel. Avis aux amateurs...
Prenons un autre exemple, le cas François Bayrou.
Campagne présidentielle, Bayrou améliore ses temps au tour au fur et à mesure que les semaines passent. Il est dans le rythme des favoris, et crée la surprise. Sa modeste écurie a trouvé le bon réglage pour sa machine, savant mélange de motricité idéologique (on s'adapte en fonction des autres) et d'adhérence médiatique. Bayrou est presque sur le podium, en troisième position à mi course, il est en passe d'être le pilote (le politique) qui comptera dans le championnat (l'élection). Seulement dans l'euphorie, c'est l'erreur technique. En sortie de virage du 1er Tour, au lieu de cliquer sur le bouton droit qui lui aurait permis de passer à la vitesse supérieur, il clique sur le bouton gauche et regresse d'un rapport. A cette vitesse, ça ne pardonne pas, c'est le tête à queue immédiat. Bayrou se retrouve à piloter sa machine à contre sens, et ne semble pas s'en apercevoir... Aux dernières nouvelles, le pilote béarnais est en arrêt au stand, mais il n'y a plus de mécaniciens pour ravitailler en idées. Ils ont tous intégrés l'équipe championne du monde, qui a décidé de lancer une OPA sur toutes les écuries en compétition... Bein oui, ce sera plus facile de gagner si toutes les voitures vous appartiennent.
Et que dire de la vieille écurie du Front National ?
L'équipe qui fait peur, imprévisible, capable de mener une course sans que personne ne s'en aperçoive. Cette saison, le FN semblait être à la pointe de la technologie (des idées) et les nouveaux écussons sur les voitures lui apportaient une touche inquiétante de modernité. Plus cool, plus zen, plus décontractée, la machine Le Pen allait donner une démonstration de savoir faire politique. Personne, ou très peu de personnes, n'avaient remarqué la fuite d'huile (d'électeurs) dans le moteur. Il y a eu à l'évidence sabordage, mais qui s'en plaindra. Le Pen terminera à l'agonie en milieu de peloton. Pas de doute, la course est définitivement terminée pour lui.
Le championnat est fini. L'entre saison de cinq ans sera le théatre d'un gigantesque mercanto, de nombreux pilotes ont déja changé d'écurie, d'autres vont même créer la leur. Les changements dans le réglement se profilent , on recherche des sponsors et du soutien, on remotive les troupes.
Le championnat 2012 va très vite arriver, et le champion en titre en est déja le grand favori.