EXTRAIT DE "ENNEMIS DE LA REPUBLIQUE".
Dépot SACD.
Les deux grands blacks qui montent la garde, Sam et LJ, se demandent ce qu’il se passe.
Kamel ordonne :
- Sam ! Va me chercher mon frère.
Puis il se tourne vers Franck. Cet homme l’intrigue.
L’amener ici n’aboutira qu’à deux issues : Le faire entrer dans l’organisation ou le tuer.
Kamel s’assoit autour de la grande table, Franck en fait de même.
Puis s’installe un silence.
Brisé par Aziz qui n’en croit pas ses yeux :
- T’es malade ! T’as fait entrer le Juif ici ?
Son visage se fait mauvais lorsqu’il dit :
- A quoi tu joues, mon frère ?
Déjà qu’Aziz n’était pas emballé à l’idée que Kamel fasse un business avec ce Khan, alors le laisser entrer dans le dépôt…
… C’est une pure folie ! Kamel est habitué à l’humeur particulière de son petit frère et reste calme :
- Assis-toi, Aziz. Je te demande de bien écouter.
Aziz s’exécute. Le respect du grand frère reste une valeur sure.
Kamel s’adresse à Franck :
- Comme tu l’as compris, Aziz est mon frère. Par coutume, il se plie à mes décisions. Mais ce soir, c’est moi qui me plierai à sa volonté. S’il est d’accord, je serais d’accord.
Franck se demande ce qu’il fout là. Kamel poursuit :
- Seulement, il y a un problème, Aziz déteste les Juifs. Il pense qu’ils sont la cause de tous les malheurs de ce monde. Il est même prêt à fonder une armée de combattants islamiques pour se dresser contre les sionistes et les Américains... Tu vois le genre. Moi, je ne pense pas comme lui. Par contre, je pense que si tu arrives à le convaincre, c’est que tu es prêt à aller jusqu’au bout.
Franck et Aziz se lèvent quasiment en même temps.
Ils disent simultanément :
- C’est une plaisanterie !
- Convaincre de quoi ?
Kamel calme son petit monde d’un signe de la main, et persiste :
- Vas-y Franck, explique à mon frère.
Franck se rassoit. Après tout, pourquoi pas.
On ne rentre pas dans une organisation terroriste aussi facilement. Et puis ce genre de malade, il paraît que c’est de plus en plus courant dans ces cités.
Il espère juste que tout ça n’aille pas dégénérer.
Pour alourdir l’ambiance, Aziz tourne nerveusement autour de la table.
Franck se lance :
- Je ne m’attendais pas à un entretien d’embauche.
Cette petite remarque a amusé Kamel, ce qui l’encourage un peu :
- Voilà, Aziz, tes origines et ta religion, ce n’est pas à l’ordre du jour. Toi et moi avons un compte à régler avec la société. Kamel ne m’a rien dit, mais je pense que vous préparez un coup. Vu votre organisation, cela doit être quelque chose d'important… Alors j’aimerais me joindre à vous.
Aziz croit rêver :
- Je savais que l’alcool qu’il s’obstine à boire allait fondre le cerveau de mon frère. Mais à ce point…
- Pourquoi tu me rejettes d’entrée ?
Aziz s’emporte :
- Ne te fais pas passer pour une victime ! Là bas, les tiens ont chassé nos frères de chez eux, et toi tu crois qu’on va faire comme si rien ne se passait.
Franck s’attendait à ce genre de conneries :
- Quel rapport ?
Mais Aziz continue à réciter sa leçon :
- Heureusement, des prophètes partout dans le monde sont chargés de nous ouvrir les yeux.
Alors Franck s’emporte aussi :
- Tu veux parler de ces barbares qui t’ont fanatisé pour tu te fasses sauter à leur place !
Il n’en fallait pas plus pour qu’Aziz sorte un couteau de sa poche et se précipite vers Franck.
Ce dernier dégaine le pistolet de son blouson pour garder cet excité à distance !
Kamel s’interpose entre les deux hommes.
Mais garde son calme :
- Ce n’est pas vraiment comme ça qu’on passe un entretien d’embauche. Donnez-moi vos armes, j’aimerais que ça finisse bien. Et puis cette conversation est peut être un bon moyen d’avoir une petite explication rationnelle. J’aimerais ne plus être le seul à comprendre que l’on est tous dans la même galère.
Une fois encore, par respect fraternel, Aziz confie son couteau à Kamel.
Alors Franck pose son arme sur la table.
Comment tout cela va t’il finir ?